Perceptions temporelles & action: approches comportementales et d’imagerie cérébrales

Une question fondamentale en neurosciences cognitives concerne les mécanismes conceptuels et neuronaux qui mettent à jour la représentation d’objets changeant dynamiquement après leur occultation. Dans des situations quotidiennes, nous devons souvent extrapoler les paramètres spatio-temporels d’un stimulus qui n’est plus perceptible. Par exemple, un conducteur à un stop doit estimer la vitesse et la direction d’une voiture en approche qui deviendrait cachée, pour décider s’il peut en toute sécurité franchir l’intersection avant l’arrivée de la voiture. Ce processus se produit également avec d’autres propriétés, comme le temps (3 minutes se sont écoulées et le repas est-il cuit ?), la position (où se trouve la voiture ?), ou la quantité (quand est ce que la bouteille opaque que je remplis devient pleine ?). Cela suggère que nous pouvons effectuer une simulation mentale dynamique pendant la période d’occultation afin d’extrapoler la propriété occultée. Un « rate controler » serait chargé d’actualiser la simulation au rythme approprié. Les principales théories actuelles divergent sur les caractéristiques clés de ce processus et sur le(s) réseau(x) neuronal(aux) associé(s), amenant à deux grandes questions :

• avons-nous un contrôleur de taux de changement commun (Makin, 2018) ou plusieurs contrôleurs distincts (Johnston et al., 2006), spécifiques à chaque propriété ?
• Quel est le substrat neuronal du mécanisme de mise à jour de ces représentations ? L’hypothèse du contrôleur de taux commun plaide en faveur d’un « réseau central de synchronisation » (Coull et al., 2011), à savoir un réseau distribué reposant en particulier sur des structures motrices (aire motrice supplémentaire (AMS) et ganglions de la base (BG), Naghibi et al., 2024) qui serait responsable de la perception du temps. Alternativement, l’hypothèse des contrôleurs séparés plaide pour l’absence d’aire(s) centrale(s) de l’horloge mais plutôt pour que la perception temporelle repose sur la dynamique inhérente à des circuits neuronaux distincts (Paton & Buonomano, 2018)

Cette présentation visera à partager des résultats récents sur ces mécanismes de mise à jour des représentations mentales et leur base cérébrale, investigués tant chez le sujet sain que le patient.